Le Money Power écoute la crise annoncée comme on écoute un vieux conte gore —
voix basse, feu de cheminée, marshmallows idéologiques.
Ça fait peur, mais c’est du cinéma.
Après le générique, ils iront dîner.
Viande tiède. Vin bio. Oubli programmé.
La culture médiatique a dissous le réel dans le film permanent.
Tout est simulacre, teaser, bande-annonce de l’effondrement.
L’horreur devient un genre.
Le crash, un divertissement premium.
Mais l’Histoire — la vraie —
n’est pas un film.
C’est une machine négative.
Une dialectique en marche arrière.
Chaque progrès technique s’achète en chair sociale.
Chaque innovation réclame son lot de déclassés,
de corps jetables,
de zones mortes.
La fameuse destruction créatrice Schumpetérienne
Le capital avance en laissant derrière lui des cimetières connectés.
La misère de masse mondiale n’est pas un bug du système,
c’est son interface.
Le contraste obscène entre prouesse technologique et paupérisation globale
est le symptôme central de l’époque terminale.
Le scandale devient normalité.
La normalité devient fatalité.
Les politiques ne gouvernent plus,
ils commentent l’inévitable.
Ils administrent le désastre comme une météo économique.
Il pleut des pauvres.
Risque de tempête sociale.
Aucune évacuation prévue.
La mutation idéologique du capitalisme en crise
n’est ni une erreur, ni une dérive,
mais une nécessité structurelle.
Une logique froide.
Un automatisme sans conscience.
Le capitalisme mondialisé a atteint ses limites internes.
Il ne peut plus promettre d’avenir,
alors il sélectionne.
Il trie.
Il sacrifie.
Politiques de rationnement existentiel.
Libéralisme autoritaire.
Hygiène sociale de fin de cycle.
MAGA, droites extrêmes, centres néolibéraux durcis —
mêmes logiciels,
mêmes algorithmes de domination.
Pas des accidents de parcours,
mais des mises à jour.
Nostalgie d’un ordre perdu,
fantasme d’autorité,
pendant que toute critique émancipatrice est disqualifiée.
Trop radicale.
Trop lucide.
Trop vivante.
Refuser le retour au passé.
Refuser l’adoration béate du présent.
Entre les deux :
le champ de ruines où le futur a été annulé.
La Bête n’a plus de récit.
Alors elle gouverne par la peur.
Et appelle ça réalisme.