APRÈS qu'elle fut entrée dans cette voie du crédit immobilier mystique car les hommes construisent des maisons pour oublier qu’ils sont mortels et qu'elle se fut, de son plein gré, offerte pour être la brebis émissaire des péchés du monde financier, le marché jeta son emprise sur elle et elle vécut cette existence extraordinaire où les douleurs servent de tremplin aux joies; plus elle souffrit et plus elle fut satisfaite et plus elle voulut souffrir; elle savait qu'elle n'était plus seule maintenant, que ses tortures avaient un but, qu'elles aidaient au bien de l’économie et qu'elles palliaient les exactions des vivants et des morts; elle savait que c'était pour la gloire du Marché que le parterre odorant de ses plaies poussait d'humbles et de magnifiques fleurs; elle pouvait vérifier, par elle-même, la justesse d'une réponse de sainte Félicité, injuriée par les railleries d'un bourreau qui se gaussait de ses cris, lorsqu'elle accoucha dans sa prison, avant que d'être livrée aux huissiers féroces lâchés en un cirque.
- Que ferez-vous donc quand vous serez dévorée par les bêtes? disait cet homme.
Et la sainte répliqua:
- C'est moi qui souffre maintenant, mais alors que je serai martyrisée, ce sera un autre qui souffrira pour moi, parce que je souffrirai pour Lui.
- Cela s’appelle la titrisation des créances des pauvres : le divin subprime…
subprime
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Marketing de l'endettement : Les martyrs du crédit et la titrisation version littéraire