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NECRONOMIE - Page 170
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Le Dégréçage continue
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Piqûre de rappel
Pour que vive la souveraineté populaire !
Dans cette ambiance de déliquescence de la société, le mot "autorité" est employé à tort et à travers. Que signifie-t-il vraiment ?
Une courte et utile vidéo de mon Ami le philosophe André Bellon approved by Nécronomie
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Le travail ne veut plus de nous, ça tombe bien
À David Graeber
Un alcoolique c’est quelqu’un qui n’a pas arrêté de cesser de boire
Gilles Deleuze
À David Graeber
Pour les générations d’avant, l’identification au travail restait un point de référence pour les luttes concrètes pour la reconnaissance sociale, pour l’amélioration des conditions de travail et de vie et pour la participation politique.
Pour les nouveaux souverainistes et les post-keynésiens, tous nos problèmes seraient liés à la mondialisation donc à la perte du travail et au chômage. Ils préconisent un retour à une économie à la papa qui ne peut être possible qu’avec le retour à une « économie de marché » basée sur le travail de masse, régulée par un État-nation à nouveau renforcé pour le bien-être collectif. La nostalgie d’un paradis perdu comme le dit mon ami YM. En vérité l’enjeu est autre. C’est un enjeu de cohésion sociale. Le travail n’est plus valorisé économiquement et financièrement mais reste indispensable pour l’identité individuelle et collective de peuple que l’on a totalement conditionné autour de cette valeur. Nous l’avons encore entendu pendant le coronavirus « ils ne veulent pas d’argent, ils veulent travailler… » . La valeur travail nous gouverne et est présentée à droite comme à gauche comme le remède à tous les problèmes sociaux notamment dans les quartiers où le travail serait le remède au deal et à l’islamisation.
Ce sont d’abord les élites néolibérales et les sociaux-démocrates convertis au néolibéralisme qui ont prêché le retour à l’éthique et à la performance du travail et qui ont ensuite légitimé avant tout la flexibilisation et la dérégulation des relations de travail ainsi que le démantèlement de l’État-providence. Mais après que les répercussions sociales perturbatrices de cette politique sont devenues impossibles à ignorer, un nouveau tournant idéologique a été atteint. L’identification au travail est devenu le point de référence d’une critique régressive et nationaliste du néolibéralisme et de la financiarisation du capitalisme sans même comprendre que cette financiarisation était l’ultime planche de salut du capitalisme à la papa.
Et c’est bien là le nœud gordien du probleme.
Comment crée de la valeur dans un monde où les sociétés les plus valorisées sont les sociétés de plateforme logicielle dont on loue qu’elle font travailler beaucoup de gens sans les employer. L’eemple ultime étant UBER qui n’emploie que des indépendants et dont la valorisation repose sur le fait qu’à terme il n’y aura même plus d’indépendants mais des voitures autonomes.
Comme je l’écrivais dans ma note où j’evoquais WallMart le géant de la distribution plus gros employeur du monde, les fonds de pension privilégie le futur au présent. Raison pour laquelle, les licenciements sont salués par la bourse. Walmart n’est pas une exception. Ce modèle qui constitue à privilégier le futur au présent est l’organisation même du système. Que cela soit au Nasdaq ou dans les dettes d’État, le principe est toujours le même. Des espoirs de gains et du travail non consommé. Ce que Marx appelle du capital fictif.
Ce n’est plus tant le travail qui apparait comme inclus dans le process de production mais l’homme qui se comporte en surveillant et en régulateur du process de production. Il vient se mettre à coté du process de production au lieu d’être son essentiel. Dans cette mutation, ce n’est ni le travail effectué par l’homme lui-même ni son temps de travail mais l’appropriation de sa propre force productive générale.
Ce qui signifie que le temps de travail ne sert plus de mesure de la richesse et que la production de richesse n’est plus effectuée par le travail humain immédiat dans le process de production. Dés lorsque que le travail sous sa forme immédiate a cessé d’être la grande source de richesse, le temps de travail cesse nécessairement d’être sa mesure et par la suite la valeur d’échange d’être la mesure de la valeur de la valeur d’usage.
J’en reviens toujours à l’écrivain de science-fiction polonais Stanislas Lem que cite le regretté David Graeber l’activiste anarchiste de Occupy Wall Street dans son livre Bullshit Jobs. Le polonais Stanislas Lem, auteur de Solaris, est de ceux qui ont portés le regard le plus critique sur le comportement humain. Plusieurs de ses livres mettent en scène un voyageur de l’espace appelé Ijon Tichy. Dans l’un d’entre eux, Ijon Tichy, raconte une expédition sur une planète où l’organisation de la population est décomposée en Esprites (Prêtres), Eminents (Aristocrates) et Boulonniers (Ouvriers). Au moment où le voyageur de l’espace arrive, la planète est confrontée à une crise de surproduction. Pendant des siècles les inventeurs ont construit des machines facilitant le travail. Ainsi là où cent boulonniers, pliaient autrefois l’échine en sueur, au bout de quelques siècles, seuls quelques-uns se tenaient à côté des machines. Puis, les savants avaient perfectionnés de plus en plus les machines et le peuple s’en réjouissait. La joie n’allait pas durer. De fait les usines devenaient de plus en plus performantes jusqu’au jour où un ingénieur inventa une machine capable de fonctionner sans supervision. Au fur et à mesure que ces nouvelles machines apparaissaient, les boulonniers perdaient leurs emplois par milliers et ne touchant plus de salaires n’avaient d’autres perspectives que de mourir de faim. Les machines produisaient donc des masses de marchandises extrêmement bon marché et de la nourriture de très bonne qualité mais les boulonniers privés de ressources n’achetaient absolument rien et se mirent à tomber comme des mouches. Devant la gravité de la situation et pour compenser cette pénurie de consommateurs, le Haut Conseil entreprit alors de créer des robots consommateurs capables d’absorber ce que créaient les robots producteurs avec beaucoup plus d’ardeur que n’importe quel être vivant tout en matérialisant l’argent nécessaires à ces acquisitions Tout ceci dura un moment, mais réalisant un jour l’absurdité d’un système où les robots étaient à la fois producteurs et consommateurs, ils trouvèrent une meilleure solution. Sur la base du volontariat, les habitants allaient se rendre dans les usines où ils seraient transformés en magnifiques disques étincelants disposés harmonieusement dans le paysage. En quelque sorte les habitants de cette planète renonçaient à la partie biologique de leur organisme. Unique moyen d’exister encore. Cyborgs, cryptomonnaie, ce qui était de la Science-Fiction dans les années 80 ne l’est plus aujourd’hui. Le pape français du transhumanisme et de l’intelligence artificielle Laurent Alexandre le hurle sur tous les plateaux TV faisant mine de s’angoisser du devenir des GJ inutiles et hors d’usage économiquement dans ce contexte. En, réalité il en a très peur car il sait qu’immanquablement la main qui se tend finit par se fermer pour se transformer en poing dans la gueule.
Voilà le suprême paradoxe qui fait que les critiques permanentes se font sur capitalisme financier. Ceux qui comme Mélenchon sont pour le capitalisme d’Etat à la chinoise et à la planification et en face ceux qui adhèrent au Grand Reset qui est aussi une forme de capitalisme planifié dissimulé dans l’habit neuf du capitalisme des parties prenantes qui englobe les salariés et l’environnement théorisé par Schwab le pape du forum de Davos. Personne n’ose regarder en face ce que Debord avait prophétise en son temps, à savoir une société qui continue à travailler alors que le développement productif a rendu le travail superflu.
L’épisode COVID où l’ensemble de l’économie a été mise sous perfusion grâce à l’argent magique en est la parfaite illustration