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  • Négatif et heureux

    coronavirus,pandemie,sida,aid,hiv,mourir heureux,negatif,positifA l'heure où un nouveau virus fait son apparition avec le coronavirus et que l'on évoque une pandémie, je me remémore l'arrivée du VIH (SIDA) à mon époque dans les années 80.

    Je me rappelle qu'autour de moi qui fréquentait alors le monde interlope de la nuit, beaucoup de gens mourraient.

    Un jour, une jeune fille avec laquelle j'avais couché une dizaine de fois m'appela pour me dire qu'elle était séropositive. A l'époque, on voyait surtout les homosexuels et ceux qui se shootaient mourir mais on parlait peu de la transmission chez les hétéros. Evidemment, elle me conseilla d'aller faire un test.

    A l'époque, il n'y avait que deux endroits pour les faire et ils étaient littéralement pris d'assaut. Je ne pus obtenir de RV avant quinze jours. Ce qui me contrariait fort car la liberté sexuelle était très forte dans ces années là. Depuis la jeune fille en question ne s'était écoulé qu'un mois mais en un mois, j' avais eu des relations avec trois ou quatre autres jeunes filles.

    Je me posais donc la question de savoir si je devais prévenir ou non ou si j'attendais de connaître les résultats . J'optai finalement pour ne rien dire en attente de connaître le résultat. Je me rendis donc au dispensaire à Belleville pour mon RV faisant une queue interminable au milieu de gens aux tristes mines comme la mienne j'imagine. Je fus reçu par un jeune Docteur qui me posa plusieurs questions : la fréquence de mes rapports, le nombre de partenaires etc...

    A l'issue du questionnaire, il me regarda l'air consterné et me déclara :

    " Vous êtes un sujet à haut risque"

    Cela va vous paraître idiot, chers amis nécronomistes, mais je tirais sur le coup une certaine satisfaction d'être à haut risque. J'y voyais là une certaine forme de reconnaissance de ma vie dissolue. J'existais...Et puis je me disais qu'être à haut risque me ferait passer de manière prioritaire.

    Manque de pot, bien que ceci n'ait rien à voir avec la chance, les labos étaient tellement engorgés qu'il fallait attendre quinze jours, trois semaines pour avoir les résultats. RV fut pris pour trois semaines après.

    Ces trois semaines me parurent très longues. Je me murais chez moi. Pire encore, je me souviens , je dois le confesser être allé dans une église pour la première fois de ma vie pour demander à être épargné encore quelques années.

    Au RV suivant, le jeune Docteur me reconnut immédiatement

    " Ah oui, je me souviens de vous, vous êtes un sujet à haut risque…"

    Cette fois ci, je ne me sentis pas gratifier. J'avais assumer le pire et m'attendais donc à ce que l'on m'annonce le pire.

    Le Docteur me fit asseoir et posa l'enveloppe avec le résultat de mes examens devant lui. Il s'asseyait puis se relevait n'arrivant à se décider à l'ouvrir. Il était hypernerveux. Beaucoup plus que moi qui l'était déjà pas mal.

    Il finit par s'asseoir et me demanda :

    " Vous êtes prêt ?"

    Je hochai de la tête.

    Soudain, il prit l'enveloppe la déchira en quatrième vitesse. Je suivis le mouvement de ses yeux ne pouvant rien faire d'autre.

    " Négatif...Négatif"se mit-il à hurler dans le cabinet. Il fit le tour de son bureau et m'étreignit chaleureusement.

    C'était un peu comme si j'avais réussi un exploit.

    Enfin tout cela pour vous dire que l'on peut être parfaitement heureux en étant négatif comme les taux du même nom. Négatif en guise d'apéritif...

    PS quant à la jeune fille en question elle a maintenant soixante ans et est toujours en vie, je l'ai croisé il y a peu de temps.