A François
Les derniers jours ont été mouvementés chez moi avec l’irruption de mon ami François Missen, cyclone de 86 ans, toujours alerte et à l’esprit vif et acéré comme une lame de Katana. Je collabore avec François depuis maintenant deux ans et ne cesse d’être ébloui par cet homme. Je ne l’admire pas pour les récompenses qui ont jalonné sa carrière de grand reporter : Prix Albert Londres, Prix Pulitzer…rien que ça et ce n’est pas rien quand même le Pulitzer !
Non, je l’admire pour son courage. Je pourrai passer des heures et c’est d’ailleurs ce que je fais à l’écouter me raconter comment il a pénétré en Afghanistan à dos de mule déguisé en femme ; comment il a rencontré Ben Laden qui à l’époque travaillait pour la CIA en se faisant passer pour un trafiquant de drogue car en Afghanistan, il vaut mieux être trafiquant de drogue que journaliste. Tout ceci précédant son arrestation après dénonciation par les russes qui le prendront pour un espion, ce qui fera de lui le premier prisonnier français en Afghanistan. Puis les trois mois qu’il a passés dans les geôles de Kaboul où questionné et torturé, il a pu survivre en jazzant dans sa tête des airs de Théolonious Monk et de Charlie Parker, exercice ô combien périlleux. François se shoote au Jazz comme d’autres à l’héroïne. Il en sait quelque chose du shoot lui le spécialiste de la French connection.
Bref avec François Missen, nous sommes dans le vrai courage, le seul qui existe bien loin du courage intellectuel qui se pratique sur les plateaux TV.
Un grand…Ami