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Surgissement désordonné et nouveaux barbares

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J'avais démarré l'année en présentant le concept de "Surgissement Désordonné", les Gilets jaunes sont l'exemple parfait de ce Surgissement Désordonné. Ces dernières semaines, les médias n'ont cessé de se demander pourquoi les meilleurs experts n'avaient pas su prédire la crise la plus grave de ces dernières années et aussi surpris que les politiques. La raison de cet échec dit être recherchée dans le fait que la science économique officielle ne dispose pas de concept théorique permettant de percevoir le potentiel d'autocontradiction interne que contient le développement du libéralisme.

Sur la base de cette antiscience, seuls quelques penseurs comme les nécronomistes ont reconnus dans les données empiriques une évidente disparité et son caractère insoutenable.

On explique donc cette crise et cette insurrection populaire par la psychologie car il ne saurait y avoir aucune contradiction objective dans le système. En fait, la crise serait due à une mauvaise compréhension des mesures en cours visant à restituer du pouvoir d'achat.

Fidèle à la devise selon laquelle l'économie serait à 90% de le psychologie, le discours selon lequel les gens ont vécu au dessus de leurs moyens enfermés dans le créditisme pour financer la compétitivité du pays  étant totalement inaudible, l'Etat est appelé via des moratoires à restituer la confiance chez des gens psychologiquement mal en point.

Petit problème : l''intercommunicabilité.

En érigeant en Dieu suprême le Marché et en faisant de la langue officielle l'économisme et ses termes nébuleux (langue BFM Business), les gouvernements successifs ont confisqué la langue des citoyens.

 Privés de mots avec lesquels exprimer la rage pour les souffrances subies, privés d’espérances grâce auxquelles dépasser l’angoisse émotionnelle qui dévaste l’existence quotidienne, privés des désirs avec lesquels contrer la raison institutionnelle, privés de rêves vers lesquels tendre, nombre de sujets deviennent barbares dans leurs gestes. Une fois paralysée la langue, ce sont les mains qui frémissent pour trouver un soulagement à la frustration.

Conséquence : un massacre généralisé accompli par les sujets rendus barbares par les blessures quotidiennes infligées sur leur propre peau par un monde sans sens parce que à sens unique. Cette violence sombre et désespérée gêne le gouvernement, troublé dans sa présomption de garantir la paix des esprits, mais cela ne le préoccupe pas. En soi, elle ne fait qu’alimenter et justifier la recherche d’un meilleur ordre public. Cependant, bien que facilement récupérable une fois montée à la surface, elle montre toute l’inquiétude qui agite en profondeur cette société, toute la précarité de la contention des vicissitudes du monde moderne.

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