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Marvin Minsky, éco-prophète du culte cybernétique, lâchait au début des années 80 sa formule cannibale :
le cerveau humain, disait-il, n’est qu’un ordinateur d’un kilo et demi, fait de viande.
De la chair calculante.
Du steak neuronal sous tension.
Depuis, la métaphore a muté en programme politique.
On invoque les barbares comme on invoque des fantômes utiles — pour nous rappeler ce que nous serions sans la religion, sans l’État et le travail pénible. Mythe fondateur recyclé. Fable pédagogique pour enfants tardifs. Mais cette vision idéologique du passé a explosé sous la pression de l’économisme triomphant : le marché a remplacé Dieu, l’algorithme a remplacé la Loi, et l’Histoire est devenue une courbe Excel.
On parle de réindustrialisation sans prononcer le mot maudit : démondialisation.
Car le Système — entité fermée, autoréférentielle, nécrosée — ne reconnaît jamais ses erreurs. Il les capitalise. Il les appelle « transitions ».
Notre âge de l’ordinateur post-industriel n’a pas produit des citoyens augmentés mais des appendices. Bras USB. Regards connectés. Consciences en location. L’humain devient périphérique, interface molle, viande compatible. La machine ne nous sert plus : elle nous tolère.
Dans son arrogance atroce, le Système attend de ses victimes qu’elles se contentent de voter à intervalles réguliers, de trier leurs déchets et de croire — sincèrement, religieusement — que tout ira très bien. Démocratie low-cost. Écologie de formulaire. Spiritualité du bac jaune.
La mondialisation, qui a largement contribué à nous précipiter dans la crise terminale de notre temps, travaille chaque jour à effacer les causes de l’horreur qu’elle engendre. Elle produit l’amnésie en flux tendu. Elle dissout les responsabilités dans la logistique. Tout circule, sauf la vérité.
L’époque postmoderne trouve sa forme achevée dans la consommation et la technologie. Les mass media y puisent leur force hypnotique : images-chocs, slogans mous, récits prémâchés. Le spectacle de la domination est terrifiant précisément parce qu’il est simple. Trop simple pour être vu.
Même les échecs les plus flagrants — violence, chaos, effondrements — deviennent carburant pour l’hypnose collective. Diversions infinies. Séries, faits divers, peurs recyclables. Nous sommes fascinés par les comportements menaçants parce que l’ennui est devenu plus insupportable que la terreur.
Ceci explique cela, disait-on autrefois.
Aujourd’hui, cela s’exécute automatiquement.
Bonne année les Nécro
s de notre part


Commentaires
Bonne année JP et à tout les Nécros.
Illustrer tes textes est toujours un défi, et un réel plaisir...
2026 sera un grand cru !!!