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  • Laissons la peur aux pauvres joyeux NO HELL

     

    1766232668539 (2).jpgLe Money Power écoute la crise annoncée comme on écoute un vieux conte gore —
    voix basse, feu de cheminée, marshmallows idéologiques.
    Ça fait peur, mais c’est du cinéma.
    Après le générique, ils iront dîner.
    Viande tiède. Vin bio. Oubli programmé.

    La culture médiatique a dissous le réel dans le film permanent.
    Tout est simulacre, teaser, bande-annonce de l’effondrement.
    L’horreur devient un genre.
    Le crash, un divertissement premium.

    Mais l’Histoire — la vraie —
    n’est pas un film.
    C’est une machine négative.
    Une dialectique en marche arrière.

    Chaque progrès technique s’achète en chair sociale.
    Chaque innovation réclame son lot de déclassés,
    de corps jetables,
    de zones mortes.

    La fameuse destruction créatrice Schumpetérienne
    Le capital avance en laissant derrière lui des cimetières connectés.

    La misère de masse mondiale n’est pas un bug du système,
    c’est son interface.
    Le contraste obscène entre prouesse technologique et paupérisation globale
    est le symptôme central de l’époque terminale.
    Le scandale devient normalité.
    La normalité devient fatalité.

    Les politiques ne gouvernent plus,
    ils commentent l’inévitable.
    Ils administrent le désastre comme une météo économique.
    Il pleut des pauvres.
    Risque de tempête sociale.
    Aucune évacuation prévue.

    La mutation idéologique du capitalisme en crise
    n’est ni une erreur, ni une dérive,
    mais une nécessité structurelle.
    Une logique froide.
    Un automatisme sans conscience.

    Le capitalisme mondialisé a atteint ses limites internes.
    Il ne peut plus promettre d’avenir,
    alors il sélectionne.
    Il trie.
    Il sacrifie.

    Politiques de rationnement existentiel.
    Libéralisme autoritaire.
    Hygiène sociale de fin de cycle.

    MAGA, droites extrêmes, centres néolibéraux durcis —
    mêmes logiciels,
    mêmes algorithmes de domination.
    Pas des accidents de parcours,
    mais des mises à jour.

    Nostalgie d’un ordre perdu,
    fantasme d’autorité,
    pendant que toute critique émancipatrice est disqualifiée.
    Trop radicale.
    Trop lucide.
    Trop vivante.

    Refuser le retour au passé.
    Refuser l’adoration béate du présent.
    Entre les deux :
    le champ de ruines où le futur a été annulé.

    La Bête n’a plus de récit.
    Alors elle gouverne par la peur.
    Et appelle ça réalisme.

  • IA une mante religieuse

    1766232668539 (2).jpgBulle primitive.
    À l’époque d’Internet, les start-up étaient des enfants mutants,
    porteuses d’un avenir bricolé à la va-vite —
    sauf les télécoms, déjà nécrosés,
    déjà lourds de dette, déjà dans la morgue des infrastructures.

    Aujourd’hui, ce n’est plus une bulle.
    C’est un organe.
    Un organe monstrueux greffé sur le capital global.

     

    Dans la bulle IA,
    les géants ne financent pas :
    ils incarnent.
    Ils sont à la fois le prêtre, la machine et la victime sacrificielle.
    Ils ne parient plus sur l’avenir,
    ils l’aspirent.

    Les besoins financiers ne croissent pas.
    Ils explosent.
    Ils perforent la réalité comptable.
    L’IA n’est pas un secteur,
    c’est une centrale nucléaire de calcul
    branchée directement sur le crédit.

    Les anciens réseaux,
    les câbles, les antennes, les routes numériques —
    tout cela paraît aujourd’hui
    comme de la petite monnaie historique,
    de la ferraille d’un autre siècle.

    Le gouffre, c’est le calcul.
    Le calcul pur.
    La capacité brute.
    Des fermes de silicium
    où l’électricité est transmutée en prophéties probabilistes.

    Morgan Stanley parle :
    trois mille milliards de dollars
    pour ériger les cathédrales de données
    avant 2028.
    Trois mille milliards
    pour nourrir des modèles
    qui n’ont pas faim
    mais exigent tout.

    Même les dieux technologiques
    ne peuvent plus payer seuls.
    Leur trésorerie se fissure.
    Le mythe de l’autofinancement
    s’évapore.

    Alors on emprunte.
    On hypothèque le futur.
    On empile la dette comme du béton armé.

    Meta, autrefois vierge de crédit,
    descend dans la boue obligataire.
    Hyperion, Louisiane —
    nom de titan,
    fondations de dette.
    26 milliards à crédit,
    six milliards de sang propre,
    le reste prêté par Blue Owl,
    rapace discret du capital patient.

    Et plus bas dans la chaîne alimentaire,
    c’est l’hystérie pure.
    Deuxième rang.
    Troisième rang.
    Petites structures,
    effectifs lilliputiens,
    dettes titanesques.

    Fluidstack,
    dix employés,
    dix milliards empruntés.
    Macquarie fournit la morphine.
    Les puces IA servent de collatéral,
    des cerveaux empaquetés
    comme lingots de garantie.

    Voilà la vérité nécro-économique :
    l’IA ne crée pas de richesse,
    elle convertit le crédit en puissance de calcul
    et la dette en hallucination stratégique.

    La bulle Internet promettait un monde.
    La bulle IA promet seulement
    de tenir encore un peu
    avant l’effondrement thermique du capital.

    Ce n’est plus une innovation.
    C’est un rite de survie.
    Un dernier tour de vis
    avant que la machine
    ne commence à manger
    ses propres prêteurs.


     

  • Cancer et drogues, dictez vos ordres

    thumbnail (1).jpgLA RÉALITÉ DU PRÉSENT n’est plus un décor mais une infection.
    Un chagrin massif, industrialisé, compressé comme un déchet toxique au fond de la poitrine collective. Une larme hypertrophiée, non plus dans l’œil, mais directement injectée dans le muscle cardiaque. Le cynisme n’est plus une posture : c’est une condition environnementale.

    Chaque jour ajoute sa couche d’horreur, son micron de pourriture. L’apocalypse n’arrive pas, elle s’installe. Elle progresse par mises à jour successives, patchs climatiques, bugs sociaux, effondrements discrets. L’environnement s’éteint pendant que les écrans restent allumés. Dialectique de mort : polluants chimiques contre polluants mentaux, neurotoxines contre narratifs toxiques. Match nul. La société se décompose sous la technologie comme un corps sous radiothérapie.

    Le cancer, absent des sociétés prémodernes, est devenu la signature biologique de la civilisation. Une prolifération sans projet, une croissance sans finalité. Le corps social est tumoral : il produit pour produire, croît pour croître, métastase sans conscience. Stérilité généralisée, aussi bien des sols que des imaginaires.

    Bientôt tout le monde sera sous substance. Peu importe le canal : prescription légale ou économie nocturne. Chimie blanche, chimie noire, même résultat. La pharmacologie devient la morale dominante. On ne soigne plus le monde, on anesthésie les nerfs qui crient. Les troubles de l’attention ne sont pas une pathologie individuelle mais une réponse logique à un réel devenu illisible. On médicalise l’angoisse comme on repeint un mur fissuré.

    L’ordre dominant nie la réalité sociale avec méthode. Il ne voit que des déséquilibres neuronaux, jamais des structures pathogènes. Sa technopsychiatrie réduit la souffrance à un bug génétique. Pas de conflit, pas de domination, pas de violence systémique — seulement des cerveaux mal calibrés. L’humain devient une machine défectueuse dans un monde supposé sain.

    Pendant ce temps, prolifèrent des maladies sans remède industriel, des pathologies hors protocole, rétives au marché pharmaceutique. En parallèle, le fondamentalisme religieux se répand comme une mycose psychique : refuge des consciences écrasées. La spiritualité du bien être placebo pour classes saturées, vend l’illumination clé en main. Être apaisé dans un monde malade devient une complicité.

    Le gouffre entre riches et pauvres s’élargit jusqu’à devenir une faille tectonique. Ici, les sans-abri et les détenus forment une population parallèle, invisible, excédentaire. La colère monte, mais sans débouché. Les mensonges de la propagande ne prennent plus, pourtant rien ne bouge. Le faux règne encore, mais sans croyants véritables. La méfiance est totale, la paralysie aussi.

    La vie sociale est figée comme un organisme sous cryogénie. Et la jeunesse encaisse le choc frontal. Elle hérite d’un futur déjà hypothéqué, d’un monde sans promesse. Le suicide devient une option rationnelle dans un système qui ne propose que la survie sous perfusion. Mourir jeune apparaît parfois plus logique que vieillir dans un enfer bien géré.

    Notre époque postmoderne n’est pas décadente : elle est terminalement fonctionnelle. Elle continue de tourner alors que tout est déjà mort.