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biopolitique - Page 3

  • EVOLUTION REVOLUTION

                           

                                     De l’Humain au Transhumain       

                                        Par Jean-Pierre Crépin   

     

    « Le projet le plus important sur lequel quiconque puisse travaillerest de trouver d’une façon ou d’une autre, un vecteur ou une technique pour perpétuer sa conscience individuelle hors du temps et l’absence de corps. »

                                      William Burroughs

                            

                  Nous sommes à l’aube du plus grand changement qu’ait connu l’humanité. Une révolution, qui va affecter la structure de nos corps, de nos cerveaux et la certitude que nous sommes mortels. Cette révolution pas comme les autres est la révolution nano. La fameuse fusion homme machine. D’ici très peu de temps, les machines deviendront des hommes et les hommes des machines. La technologie sera à l’intérieure de nos cellules jusqu’aux molécules qui les composent. Tout cela pourrait prêter à sourire si ce n’est que des milliards accumulés par Google et les autres géants des technologies viennent se déverser dans une société du nom de CALICO installée dans un complexe secret. Une société dont le but avoué est de lutter contre le vieillissement et de « tuer la mort ». CALICO est dirigée par le biologiste Arthur Levinson, qui siège par ailleurs au conseil d’administration d’Apple et du laboratoire Hoffman-Laroche maison mère de Genentech. Une société qui emploie dix mille personnes et qui a inventé une technique de clonage. En clair, le transfert de gênes d’un organisme à un autre. Le décor est posé. Le capital va entrer dans le corps humain. Cela sera l’avènement de la Nécronomie et des Nécrotechnologies qui permettent d’extraire une plus-value de la mort. D’autres milliardaires et grands noms des nouvelles technologies travaillent également en parallèle sur ces sujets. C’est le cas du fantasque PDG de Tesla, Elon Musk, créateur de Neuralink une Start up spécialisée dans les interfaces cerveau machine destinées à l’intelligence artificielle.

     Un avenir disruptif

    Lorsque que l’on veut se projeter dans le futur et imaginer l’évolution de l’humanité, il suffit souvent de lire les grands écrivains de Science-Fiction qui sont aussi par définition de grands futurologues. Le polonais Stanislas Lem, auteur de Solaris,  est de ceux qui ont portés le regard le plus critique sur le comportement humain. Plusieurs de ses livres mettent en scène un voyageur de l’espace appelé Ijon Tichy. Dans l’un d’entre eux, Ijon Tichy, raconte une expédition sur une planète où l’organisation de la population est décomposée en Esprites (Prêtres), Eminents (Aristocrates) et Boulonniers (Ouvriers). Au moment où le voyageur de l’espace arrive, la planète est confrontée à une crise de surproduction. Pendant des siècles les inventeurs ont construit des machines facilitant le travail. Ainsi là où cent boulonniers, pliaient autrefois l’échine en sueur, au bout de quelques siècles, seuls quelques-uns se tenaient à côté des machines. Puis, les savants avaient perfectionnés de plus en plus les machines et le peuple s’en réjouissait. La joie n’allait pas durer. De fait les usines devenaient de plus en plus performantes jusqu’au jour où un ingénieur inventa une machine capable de fonctionner sans supervision. Au fur et à mesure que ces nouvelles machines apparaissaient, les boulonniers perdaient leurs emplois par milliers et ne touchant plus de salaires n’avaient d’autres perspectives que de mourir de faim. Les machines produisaient donc des masses de marchandises extrêmement bon marché et de la nourriture de très bonne qualité mais les boulonniers privés de ressources n’achetaient absolument rien et se mirent à tomber comme des mouches. Devant la gravité de la situation et pour compenser cette pénurie de consommateurs, le Haut Conseil entreprit alors de créer des robots consommateurs capables d’absorber ce que créaient les robots producteurs avec beaucoup plus d’ardeur que n’importe quel être vivant tout en matérialisant l’argent nécessaires à ces acquisitions Tout ceci dura un moment, mais réalisant un jour l’absurdité d’un système où les robots étaient à la fois producteurs et consommateurs, ils trouvèrent une meilleure solution. Sur la base du volontariat, les habitants allaient se rendre dans les usines où ils seraient transformés en magnifiques disques étincelants disposés harmonieusement dans le paysage. En quelque sorte les habitants de cette planète renonçaient à la partie biologique de leur organisme. Unique moyen d’exister encore. Cyborgs, cryptomonnaie,ce qui était de la Science-Fiction dans les années 80 ne l’est plus aujourd’hui.

    La Singularité

    En observant le taux de progrès de nos sociétés, nous nous apercevons qu’entre le siècle dernier et maintenant, nous avons accompli plus de cent vingt ans de progrès. Tout ceci est rendu possible par une loi que les chercheurs connaissent bien : la loi de Moore. En 1975, Gordon Moore, un des trois fondateurs d’Intel observa qu’un circuit intégré contiendrait deux fois plus de transistors tous les deux ans. Il énonça aussi que ces circuits gagneraient en vitesse car leurs électrons serait plus proches. Cette croissance implique aussi la réduction de la taille des semi-conducteurs tous les 5,4 ans. Donc le nombre d’éléments par millimètre carré double tous les 2,7 ans. Cette loi constitue le cœur de la vision de celui qui est considéré comme le plus grand futurologue contemporain et le pape du transhumanisme : Ray Kurzweil embauché par Google pour plancher sur l’intelligence artificielle et dont Bill Gates dit qu’il est : « la meilleure personne pour prévoir l’avenir de l’intelligence artificielle ». Rien moins que ça. Ray Kurweil est sans conteste un homme hors du commun. Génie précoce, dès l’adolescence, il inventera un ordinateur qui analyse et compose dans le style des plus grands compositeurs. Par la suite, il inventera un appareil qui combine un scanner et un synthétiseur pour permettre de lire des textes aux aveugles avec une voix artificielle. Un de ses premiers clients enthousiastes sera le compositeur Stevie Wonder qui l’encouragera à créer une nouvelle génération de synthétiseur imitant à la perfection les sons des instruments traditionnels. Jamais à court d’idée, il se consacra à mettre son génie pour aider les personnes qui souffrent de troubles de l’attention ou de dyslexie. Tout ceci constitue sans doute ses premier pas vers la recherche de l’homme augmenté. Un évènement tragique viendra le conforter dans cette direction : la mort de son père souffrant du diabète dont il héritera. Un père qui lui manque dont il prédit qu’il arrivera à le faire revivre. Comment ?

    « J’ai toutes ses lettres, et même ses factures d’électricité, confie-t-il au Financial Times. Il y a des films en 8 mm, des photographies, beaucoup de disques vinyles de sa musique. L’idée, c’est de créer un avatar à partir de toutes ces informations, de recréer la personnalité de mon père. Que ceux qui se souviennent de lui ne puissent pas le distinguer du vrai Fredric Kurzweil. On peut trouver un peu de l’ADN de mon père autour de sa tombe. L’intelligence artificielle enverra là-dessous des nanobots [robots miniaturisés de la taille d’une cellule, ndlr], prendra un bout d’os ou de dent, extraira l’ADN et assemblera le tout. ».

    Dans son discours, Ray Kurzweil parle souvent de la Singularité. Il a d’ailleurs fondé une université de la singularité qui attire les plus gros talents en devenir. La Singularité technologique est le moment de l’histoire ou un supra ordinateur dépassera le cerveau humain. Alan Turing, un des pères fondateurs de l’informatique, l’homme qui a décrypté le code Enigma des nazis et à qui nous devons la victoire dans la seconde guerre mondiale imagina en 1950 un test censé déterminer si une machine pense ou non. Le protocole est basé sur une conversation en aveugle d’un humain avec deux interlocuteurs. À travers cet échange il doit déterminer qui est humain et qui ne l’est pas. Lorsque nous ne pourrons plus déterminer si l’interlocuteur est un humain ou un ordinateur, cela voudra dire que l’étape décisive a été franchie. À partir de cet instant, cette supra intelligence pourra intervenir dans tous les activités intellectuelles de l’homme et le surpasser grandement. Toutes les machines seront alors crées par cette supra-intelligence. Ray Kurzweil date cet instant à 2029. Autrement dit demain. Auparavant, il avait prédit l’effondrement du bloc soviétique à cause des fuites d’informations par la technologie. Et prédit l’explosion des smartphones. Il avait également prédit la défaite d’un joueur d’échec en 1998 ce qui est arrivé en 1997 avec Kasparov. Depuis une machine dotée d’un programme informatique crée par Google a pulvérisé le champion d’Europe et champion du monde de jeu de Go  considéré comme le jeu le plus complexe au monde sur des scores sans appels. Ce processus d’un ordinateur capable de passer sans difficultés le fameux test de Turing

    « Une opportunité pour l’humanité de s’améliorer. L’intelligence artificielle fera ainsi de l’Homme un être « plus intelligent, notamment à partir des années 2030 où  nous allons commencer à connecter notre néocortex au cloud ». Ainsi « nous allons pousser toutes nos capacités à un degré plus élevé ».Cette supra intelligence sera alors en nous via des millions de nano robots dans nos cerveaux et nos tissus. À ce stade nous pourrons sauvegarder chaque soir notre conscience ce que l’on peut considérer comme un pas vers l’immortalité.

    Voici quelques une des prédictions marquantes de Kurzweil

    - 2025 Apparition de nombreux gadgets implants.

    - 2026 Grâce au progrès scientifique en une unité de temps nous prolongerons notre vie d’une durée supérieure à celle qui s’est déjà écoulée

    - 2029 L’ordinateur passera le test de Turing pour prouver son intelligence dans le sens humain du terme grâce à la simulation informatique du cerveau humain.

    -2031 Les imprimantes 3D seront utilisées dans tous les hôpitaux pour imprimer des organes humains.

    - 2032 Les nanorobots seront utilisés à des fins médicales. Ils pourront apporter des substances nutritives jusqu’aux cellules humaines et éliminer les déchets. Ils scanneront également le cerveau humain.

    - 2036 En utilisant la biologie comme de la programmation, l’humanité parviendra pour la première fois à reprogrammer des cellules pour guérir des maladies. Les imprimantes 3D permettront de fabriquer de nouveaux tissus et organes.

    - 2037 Un progrès gigantesque sera effectué sur la compréhension du cerveau humain.

    - 2038 Apparition de personnes robotisées et de technologies transhumanistes.Ces personnes seront dotées d’une intelligence supplémentaire et de divers implants optionnels tels des bras prothèses ou des yeux caméra.

    - 2039 Les nanorobots seront directement implantés dans le cerveau.

    - 2041 le débit Internet sera millions de fois plus élevés qu’aujourd’hui.

    - 2042 La première réalisation potentielle de l’immortalité grâce à une armée de nano-robots qui complètera le système immunitaire et nettoyera les maladies.

    - 2043 Le corps humain pourra prendre n’importe quelle forme grâce aux nanorobots. Les organes internes seront remplacés par des dispositifs cybernétiques de meilleure qualité.

    - 2044 L’intelligence non biologique sera des milliards de fois plus intelligente que son homologue biologique

    - 2045 Arrivée de la singularité technologie. La terre se transforme en un gigantesque ordinateur.

    - 2046 Le processus de singularité technologique s’étend à tout l’univers.

    Les Transhumains

    Le terme transhumaniste a été inventé par le biologiste Julian Huxley le frère du célébré Aldous Huxley créateur du meilleur des mondes la dystopie bien connue. C’est dans les années 80 que le terme fera son apparition en force avec la création  de Humanity + une organisation non gouvernementale internationale comme Amnesty, les transhumains répandent leurs paroles et forment un lobby de plus en plus important. Ces dernières années ont vu pléthores de films sur le sujet : eXistenZ, Robocop, Terminator, Lucy, Matrix, Transcendance, Her, Minority Report, Je suis un Cyborg pour n’en citer que quelques-uns. L’idée du transhumanisme est en croissance exponentielle et présente sur tous les médias. Les transhumains ont même eu leur candidat à l’élection présidentielle de 2020 : Zoltan Istvan. Ce dernier est conseillé et entouré par les membres les plus emblématiques du mouvement : Le philosophe Max More, sa femme qui a dessiné le premier corps post humain, Natasha Vita-More, la jeune et belle biophysicienne Maria Konovalenko cofondatrice en Russie du parti de la longévité. Le programme de Zoltan Istvan est ouvertement eugéniste : choix pour les parents des sexes, de la couleur, taille, aptitudes physiques et cognitives. Dans vision, le pays sera dans trente ans gouverné par une Intelligence Artificielle et ce pour le bien de la société. Dans son programme, éliminer le cancer et les maladies pathogènes et surtout développer deux voies qu’il juge prometteuse et commune à tous les transhumanistes: La digitalisation et le téléchargement du cerveau ainsi que l’inversion du processus de vieillissement développé par Aubrey de Grey le biogérontologue. Ne nous y trompons pas, la parti transhumaniste est ouvertement libertarien car derrière toute cette prose se dissimule à peine un des grands principes libertarien : le zéro État et liberté absolue. Pour Zoltan Istvan qui se proclame ouvertement athée, les religions qui drainent 85% d’humains qui croient encore à une vie après la mort sont le principal obstacle. Si il est conscient que dans un pays où les évangélistes sont très puissants, il a peu de chance d’être élu en 2020. Les élections seront pour lui l’occasion de sortir du bois et diffuser plus largement ses idées.

     

    La philosophie transhumaniste

    Une constitution a été établie par la philosophe Max More dans une lettre ouverte à Mère nature et qui résume parfaitement la doctrine transhumaniste.

    Amendement n ° 1 : nous ne tolérerons plus la tyrannie du vieillissement et de la mort. Grâce aux modifications génétiques, aux manipulations cellulaires, aux organes synthétiques et à tous les moyens nécessaires, nous nous doterons d’une vitalité durable et nous effacerons notre date de péremption. Nous déciderons chacun combien de temps nous vivrons.

    Amendement n ° 2: nous élargirons notre gamme de perceptions par des moyens biotechnologiques et informatiques. Nous cherchons à dépasser les capacités de perception de toute autre créature et à concevoir de nouveaux sens pour élargir notre compréhension et notre compréhension du monde qui nous entoure.

    Amendement n ° 3: Nous allons améliorer notre organisation et nos capacités neuronales, en élargissant notre mémoire de travail et en améliorant notre intelligence.

    Amendement n ° 4: Nous allons compléter le néocortex par un «métabrain». Ce réseau distribué de capteurs, de processeurs d’information et d’intelligence augmentera notre degré de conscience de nous-même et nous permettra de moduler nos émotions.

    Amendement n ° 5: nous ne serons plus esclaves de nos gènes. Nous prendrons en charge notre programmation génétique et maîtriserons nos processus biologiques et neurologiques. Nous corrigerons tous les défauts des individus et des espèces laissés par l'évolution par sélection naturelle. Non contents de cela, nous rechercherons un choix complet de notre forme et de nos fonctions corporelles, en affinant et en augmentant nos capacités physiques et intellectuelles au-delà de celles de tout être humain de l’histoire.

    Amendement n ° 6: Nous modifierons nos schémas de motivation et nos réactions émotionnelles avec prudence, mais avec audace, de la manière que nous jugerons sains en tant qu'individus. Nous chercherons à améliorer les excès émotionnels typiques de l’humain en apportant des émotions raffinées. Nous nous renforcerons afin de pouvoir abandonner les besoins malsains de certitude dogmatique, en supprimant les barrières émotionnelles empêchant l'autocorrection rationnelle.

    Amendement n ° 7: Nous reconnaissons votre génie à utiliser des composés à base de carbone pour nous développer. Cependant, nous ne limiterons pas nos capacités physiques, intellectuelles ou émotionnelles en restant des organismes purement biologiques. Tout en poursuivant la maîtrise de notre propre biochimie, nous intégrerons de plus en plus nos technologies de pointe dans notre moi.

    Ces amendements à notre constitution nous feront passer d'un état humain à un état transhumain en tant qu'individus. Nous croyons que la transhumanisation individuelle nous permettra également de nouer des relations, des cultures et des systèmes d'innovation sans précédent, de richesse, de liberté et de responsabilité.

    Nous nous réservons le droit de faire d'autres amendements collectivement et individuellement. Plutôt que de rechercher un état de perfection finale, nous continuerons à rechercher de nouvelles formes d’excellence selon nos propres valeurs et dans la mesure où la technologie le permettra.

     

    Nous sommes donc bien loin des ovocytes congelés comme le propose Facebook à ses salariés femmes afin que celles-ci ne sacrifient pas leurs parcours professionnels et choisissent le moment où elles veulent vraiment faire des enfants. Non, cette phase est déjà dépassée pour les transhumanistes qui passent directement à l’utérus artificiel. Ils ont une arme atomique : on n’arrête pas les progrès de la médecine, on n’arrête pas la médecine tout court. Prothèses de membres connectés au système nerveux central, rétines artificielles, implants neuro-électronique pour modification des comportements et des humeurs. Modification des souvenirs par optogénétique. Exosquelette, puçage RFID sous-cutané. Transcription des ondes cérébrales en données lisibles par une machine ; interface homme-machine. Objets connectés, réalité augmentée. Smartphone, Big Data, séquençage ADN bien évidemment….Sélection génétique des embryons, ingénierie tissulaires et organiques, intelligence artificielle et modélisation du cerveau. Bref avec toute cette panoplie, vous ne craignez ni la maladie ni la mort. Vous ne connaissez ni le temps ni la douleur. Vous êtes fonctionnel durant des siècles. Vous construisez votre identité par le choix des implants et des prothèses. Vous pouvez changer de genre hommes femmes autant qu’il vous plaira. Votre vie est définie par les algorithmes. La mort n’est qu’un problème technique. Leurs adversaires disent qu’ils ont peur de la mort. Ils rétorquent : refuser d’être immortel, c’est avoir peur de la vie ! N’est-ce pas une forme suprême d’arrogance de considérer que l’homme ne peut pas être augmenté ou améliorer ? Est-on suffisamment abouti ? Qui veut mourir du cancer ou d’Alzheimer ?

     

     

    En attendant l’immortalité

    ALCOR est une fondation présidée par le philosophe Max More. Elle est située à Phoenix en Arizona. Alcor est une des plus importantes sociétés de cryogénisation. Une bâtisse industrielle entourée de murs sécurisés dans un endroit désert. À l’intérieur tête en bas dans des cuves métalliques, 170 personnes reposent dans de l’azote liquide à -196°C. On les considère «suspendus». Ni vivants, ni morts, ils attendent une époque plus clémente pour ressusciter. Plus de 1200 ont signés pour rejoindre leur heure venue ceux qui sont déjà « suspendus » dans des dizaines de cuves en inox. Dans ces cylindres métalliques, il y a des corps humains entiers. Il y a également des têtes. Mais aussi des chiens, des chats et un chinchilla. Conserver un corps coûte 200 000 dollars. Pour une tête, c’est 80 000 dollars. Ceux qui choisissent cette option se reposent sur la certitude que les techniques du  futur leur fourniront un corps idéal. Sont-ils morts? Sont-ils vivants? C’est une question de point de vue. Ce qui est certain, c’est qu’ils ont tous été vitrifiés. Leur sang a été remplacé par un mélange de glycérine faisant office d’antigel. Cette méthode permet d’éviter la formation de cristaux de glace nuisibles aux cellules. Max More souhaite que son seul cerveau soit conservé « c’est là que ça se passe ». Plusieurs personnalités reposent ici comme Ted Williams la star du Baseball. La procédure est la suivante Au moment du décès légalement prononcé les médecins passent le relais au équipes d’Alcor qui vont prendre en charge le corps du client qu’ils vont immédiatement placer dans un lit de glace où un dispositif spécial va procéder à un massage cardiaque, ainsi qu’à des insufflations d’oxygène couplé à l’administration de 16 médicaments afin d’empêcher le processus de décomposition des tissus le temps du transport jusqu’aux locaux d’Alcor. Ensuite l’intégralité du sang  est drainée hors du corps et remplacée par une sorte d’antigel qui vise à réduire la possibilité de formation de cristaux de glace dans les tissus qui pourraient détruire les cellules.

    Un désir international

    Dans un programme incroyablement ambitieux inspiré par des films tels que The Matrix, le géant chinois de la technologie Huawei poursuit également le rêve humain de l'immortalité à travers une plus grande interaction entre le cerveau et l'électronique de pointe. Huawei est le plus grand producteur d'équipements de télécommunications au monde, et fabrique entre autres des équipements de réseau à large bande et des smartphones. Kevin Ho, président de la gamme de produits de Huawei, a peint un avenir où les enfants pourraient utiliser des applications comme WeChat pour communiquer avec les grands-parents morts, dont la conscience humaine a été téléchargée dans la mémoire de l'ordinateur. Ho a suggéré que la principale chose qui retient l'humanité de telles possibilités est la vitesse actuelle des télécommunications et les limites de stockage.

    « Ce type de volume de téléchargement de données dépasse les niveaux actuels », a-t-il dit. « À l'avenir, le stockage devra dépasser 15 000 Zettaoctets, ce qui constitue une augmentation considérable. »

    Ces propos évidemment ne sont pas anodins. Des études récentes démontrent que les chrétiens en Chine sont maintenant plus nombreux que les membres du parti communiste au pouvoir, et le christianisme est en croissance alors même que le parti tente de renforcer le contrôle sur l'expression chrétienne en renversant les croix et en démolissant les églises.

    Travailler dans un monde tranhumain

    Dans quel système économique vivrons-nous alors si nous ne mourrons pas ? Cette question induit en filigrane la question du contrôle des naissances ou le permis d’être parent comme le suggère Zoltan Istvan le candidat politique transhumaniste. Par ailleurs, le capitalisme est par essence scorpionesque : Je produis, je consomme, je meurs et quelqu’un d’autre prend ma place.

    Laurent Alexandre est le pape français de l’intelligence artificielle et du transhumanisme. Chirurgien urologue, il est omniprésent dans les médias et collabore régulièrement à des journaux comme L’Express, Le Monde et L’Huffington Post. Énarque, HEC, MBA, cet homme ultra diplômé est devenu millionnaire en revendant à Lagardère le site Doctissimo qu’il avait fondé. Depuis, il est devenu actionnaire très majoritaire de DNA VISION une société de séquençage d’ADN. Son crédo est d’expliquer les inégalités sociales par des inégalités génétiques. Un discours qui fait froid dans le dos. Pour lui, point de salut dans le monde qui arrrive si l’on n’est pas complémentaire de l’Intelligence Artificielle. Il martèle ses idées dans des discours enflammés au Sénat et auprès des hommes politiques français. Il vient d’ailleurs publier un livre avec Jean-François Copé et posé un diagnostic très sombre sur l’avenir de notre démocratie.

    Morceaux choisis :

    « L’école est importante, on voit bien que l’intelligence artificielle va, non pas dépasser l’intelligence humaine, dans tous les domaines, mais va faire mieux que nous à un nombre croissant de tâches. Gérer une comptabilité, conduire un avion, conduire une voiture, conduire un camion… on pourrait multiplier les exemples, dépister un cancer etc... Dans toutes ces tâches-là, l’intelligence artificielle va être 10 fois, puis 1 000 fois puis 1 million, puis 1 milliard de fois plus rapide que les meilleurs esprits humains. »

    Il décrit un monde où :

    « Une petite aristocratie de l’intelligence gouverne un monde avec des hordes de naufragés du numériques, abandonnés, n’arrivant pas à suivre l’évolution technologique et finalement réduits au revenu universel. »

    « Pouvoir changer l’ADN de nos enfants c’est quelque chose de bouleversant oui […] il est probable, pas forcément en Europe mais en Asie, en Chine, dans des pays comme la Corée mais aussi en Californie, que des parents souhaiterons manipuler l’ADN de leur enfant pour que leur enfant soit plus intelligent, mieux armé dans la guerre des intelligences avec l’intelligence artificielle. Je pense que l’eugénisme est devant nous. Je crois qu’il va être très très difficile d’empêcher les parents de 2050 de fabriquer des bébés plus intelligents. Parce que les parents vont être persuadés que si leurs enfants ne sont pas très doués ils n’auront pas leur place dans une société où l’intelligence artificielle sera omniprésente. »

    « Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous n’avons pas besoin de gens pas très doués. Jusqu’à présent il y a toujours eu plein de petits boulots pour les gens pas très malins. Mais à l’ère de l’IA et des robots, il n’y a plus besoin de gens pas très malins au 35h. »

    « Les gens qui ne seront pas transhumains vont disparaître, vont devenir minoritaires. Pour deux raisons. La première c’est que comme ils ne voudront pas utiliser les technologies NBIC pour vivre plus longtemps, ils vont être moins nombreux, mécaniquement. Si vous avez d’un côté des transhumanistes qui vivent 1 000 ou 2 000 ans, et de l’autre des bio-conservateurs qui meurent à 80 ans, les transhumanistes vont être majoritaires, mécaniquement au bout d’un certain temps. Et d’autre part les transhumanistes vont être les premiers à accepter les technologies d’augmentation cérébrale, et donc ils vont être plus intelligents que les bio-conservateurs, et donc ils vont prendre le pouvoir. »

    Et enfin bien sûr :

    « Oui, l’idéologie transhumaniste est une vraie religion, qui pense que Dieu n’existe pas encore, que Dieu va arriver. Dieu, c’est l’homme, augmenté par les technologies NBIC (nanotechnologie, biotechnologies, informatique et sciences cognitives) et par l’intelligence artificielle. C’est un changement radical par rapport aux religions traditionnelles. Dieu n’est plus ce qui nous a créé. Dieu c’est nous demain, qui va avoir un pouvoir illimité sur l’univers. »

    Le débat est donc posé. Allons-nous vers la fin des religions et l’avènement du surhomme tel que l’avait prédit Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra. Quid de l’Islam et du milliard de musulmans. N’allons-nous pas encore droit vers un choc des civilisations ? Les musulmans resteront ils assis en tailleur pendant que les néo-libéraux de la Silicon Valley déverseront à coup de milliards de dollars leur idéologie transhumaniste et la promesse de l’immortalité ?

    En clair, chers lecteurs, si vous ne faites pas partie de l’élite ou des surdoués, vous avez intérêt à vous faire augmenter par Elon Musk /Neuralink et vous faire poser un implant pour démultiplier vos capacités d’apprentissage. Pour en savoir plus

    Association Française Transhumaniste

    https://transhumanistes.com/

    Les Anti-Transhumanistes

    Pièces et Main d’œuvre collectif auteur de l’appel des chimpanzés du futur.

    http://www.piecesetmaindoeuvre.com/

  • Société de consumation-La France orange psychiatrique

    covid,coronavirus,biopolitique,technopsychiatrie,biocapitalisme,capital fictif,evolution,revolution,futurPetit rappel sur mon métier :

    En tant que nécronomiste, je me consacre à étudier les dégâts de l’idéologie de l’économie sur les hommes et ses conséquences sociales ou mentales.

     

    LA RÉALITÉ DU PRÉSENT est faite, comme jamais elle ne le fut. Le quotidien voit son lot d’horreurs augmenter sans cesse, accompagnant une apocalypse rampante de l’économie. L’aliénation des esprits et les polluants se disputent la prédominance dans la dialectique de mort qui régit la vie d’une société divisée et gangrenée par le virus et la crise sociale. Bientôt, tout le monde consommera des drogues (antidépresseurs, anxiolytiques) ; qu’elles soient délivrées sur ordonnance ou vendues sous le manteau ne constitue plus qu’une distinction formelle. La thérapie des troubles de l’attention offre un autre exemple de la tendance coercitive à médicaliser l’angoisse et l’agitation généralisées qu’engendre une réalité toujours plus frustrante. L’ordre dominant fera, à l’évidence, tout son possible pour nier la réalité sociale. Sa technopsychiatrie considère la souffrance humaine comme étant de nature biologique et d’origine génétique. De nouvelles pathologies, résistantes à la médecine industrielle, se répandent à l’échelle planétaire, ainsi que le fondamentalisme religieux – symptôme de frustration et de profonde misère psychique.

     Le fossé entre riches et pauvres s’élargit, en particulier ici, en ce pays où les sans-abri comme les détenus se comptent par milliers. La colère monte et les mensonges de la propagande, qui assurent la survie du système, ne rencontrent plus la même crédulité. Ce monde où règne le faux ne trouve plus que l’adhésion qu’il mérite : la méfiance à l’égard des institutions est presque absolue. Mais la vie sociale semble gelée, et la souffrance des jeunes est sans doute la plus profonde. Le taux d’homicides chez les adolescents de quinze à dix-neuf ans a plus que doublé cette année. Le suicide est devenu la réaction que choisissent de plus en plus d’adolescents, qui n’envisagent pas de gaieté de cœur d’atteindre l’âge adulte dans un tel enfer.

    Dans le même temps la guerre biologique a lieu. Toutes les nations sont en guerre. Chacun s’efforçant de produire son vaccin pour assurer sa souveraineté économique.

    Dans ce contexte pré-insurrectionnel, la gouvernance algorithmique appliquant le diviser pour mieux régner n’a d’autre choix que transférer la responsabilité sur le citoyen qui n’aura jamais été aussi mal traité car il n’est plus représenté. Désormais, nous sommes responsables de notre santé et de celle des autres et nous sommes aussi responsables de la santé de notre économie qu’il va falloir reconstruire en travaillant plus pour consommer plus.

    À la scission marxienne entre l’homme et le citoyen succède ainsi celle entre la vie nue, porteuse ultime et opaque de la souveraineté, et les multiples formes de vie abstraitement recodifiées en entité juridico-médico-sociale : le vacciné, le non-vacciné. Plus de question de sexe, de races, de travailleur ou de d’assistés. Le chapeau suprême a été déployé. La démocratie représentative qui ne représentait plus grand monde laisse sa place à la non-relation promut par la distanciation sociale dont l’usage doit correspondre une politique non-représentative. C’est ce que nous vivons.

    Le vacciné a le droit de voter Macron, de travailler, d’aller au resto et au musée, de prendre l’avion. Quant à ceux qui ne veulent pas se faire vacciner, le discours ambiant est « qu’ils aillent vivre ailleurs… ». Discours autrefois réservé aux immigrés qui ne voulaient pas s’assimiler, maintenant valable pour les travailleurs délocalisés dans leur propre pays condamnés de fait à s’appauvrir sur le lieu même de leur richesse.

    Le consommateur ne doit et ne peut être contaminé. Suprême paradoxe quand on sait que l’on a tout fait pour le transformer en consommateur zombie.

    Le vaccin n’est pas obligatoire, même si scoop nécronomique, les passeports santé à puce ont été commandés, il y a plus de six mois !

    Ce que l’on attend du citoyen consommActeur, c’est son consentement libre et éclairé (Comment pourrions-nous être libres et éclairés en pareil contexte ou le vrai n’est plus qu’un moment du faux !).

    Il s’agit en fait de rationaliser une servitude libérale et une totale soumission librement consentie à participer à une logique consumériste individuellement assumée par l’intériorisation à l’intérieur du corps des normes capitalistes. Le capitalisme entre dans le corps humain pour lui permettre d’être plus performant pour produire mais aussi consommer. Ceux qui me suivent depuis longtemps savent que j’ai théorisé cela sous le nom du châtiment des neufs orifices. Vous serez punis par tous les orifices avec lesquels vous avez consommé. Il s’agit dans le pouvoir souverain biopolitique de soumettre. L’état d’exception, le couvre-feu ne sont que des outils. Quant à ceux qui ne veulent pas se soumettre, on les laissera toutefois participer à la reconstruction et au décollage de la bulle verte en les laissant manger dans des poubelles et en achetant de vêtements d’occasions. Ils préserveront par leur pauvreté et leur non productivité la planète et dont ils seront en final les plus ardents défenseurs. La productivité garantissant la croissance étant incompatible avec l’écologie.

     

     

     « Si l’exception est le dispositif original grâce auquel le droit se réfère à la vie et l’inclut en lui du fait même de sa propre suspension, une théorie de l’état d’exception est alors la condition préliminaire pour définir la relation qui lie et, en même temps, abandonne le vivant au droit »

    Giorgio Agamben

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  • Mourir Guéri (la suite)

     

    Comme je suis d’humeur joyeuse, je dirai comme le philosophe Italien Robert Esposito que :

     Comme dans les maladies auto-immunes, le système immunitaire devient si fort qu’il frappe le corps même qu’il devrait sauver et provoque sa décomposition  

    Ceux qui doutaient encore du biopolitique et de la bio économie sont servis Le sketch de la vaccination de Mauricette, la première vaccinée a été un grand moment ! Quel spectacle ! Quels acteurs ! Et Mauricette qu’attend plus qu’une allumette…C’était beau…L’espoir était là…

    Honnêtement le Biocinéma et la Biotélé ont de grands jours devant elles et ça ne va pas couter cher à produire.

    Et plus tard dans les mêmes programmes, on retrouve les théoriciens libéraux de la bioéconomie comme Nicolas Bouzou qui viennent nous vendre leur vision euphorique du capitalisme vert, basée sur la transition tranquille entre le recours à une énergie fossile en cours d’épuisement et l’utilisation de la biomasse renouvelable.

    L’histoire du Biocapitalisme ne date pourtant pas d’aujourd’hui puisqu’elle a été initialisée par la politique néolibérale de Ronald Reagan, qui coupa les dépenses de santé publique pour investir massivement dans les biotechnologies. Les élites pensaient déjà à leur survie au détriment du peuple.  Par la suite la même politique fut amplifiée sous la Présidence de George W. Bush / combiner le développement du secteur biomédical et en particulier la recherche sur les cellules souches en provenance d’embryons congelés, la marchandisation des sciences de la vie mais aussi la réorientation de la biologie vers des fins militaires, et une théologie protestante de la dette (très important pour maintenir asservis les populations), expressément réajustée à cet objectif.

    L’industrie américaine et européenne délocalisèrent là où les contraintes éthiques sont plus faibles, en Inde et en Chine pour faire des essais cliniques sur des cobayes. Tout ceci dans une logique purement libérale avec une conception du travail de production et de reproduction pensés comme coûts à réduire.

    C’est de cette histoire que vient le COVID et non pas des pangolins.

    Nancy Fraser écrit que

    « toute forme de société capitaliste abrite une « tendance à la crise » ou une « contradiction » sociale-reproductive ancrée en profondeur. D’une part, la reproduction sociale est une condition de possibilité d’une accumulation durable du capital ; d’autre part, l’orientation du capitalisme vers l’accumulation illimitée tend à déstabiliser les processus mêmes de reproduction sociale sur lesquels il s’appuie ».

    Cette contradiction acquiert une portée politique potentielle, amplifiée par l’actuelle crise sanitaire : la protection relative de la force de travail, via des décisions qui freinent voire mettent à l’arrêt certains secteurs de production, entre en relation complexe, conflictuelle, avec une logique capitaliste de précarisation des salariés, de mise en concurrence et de hiérarchisation sociale qui combine racisme, sexisme et exploitation.

    On ne saurait mieux dire