La “ biopolitique ” des populations prend en charge des flux de ce “matériau humain “ homogénéisé et interchangeable. En contrepartie, elle offre la promotion idéologique de certains concepts comme ceux de “ consentement libre et éclairé” pour compenser cette entame du sujet humain. Ces concepts rationaliseraient une servitude libérale et une soumission librement consentie à participer à une logique consumériste individuellement assumée par l’intériorisation des normes culturelles. Ce concept de consentement constitue-t-il alors le désaveu même de ce vaste mouvement d’indifférenciation et de massification du vivant humain dans l’utilisation biopolitique des populations et de l’humanité réduite à du matériau biologique ? Si tel était le cas, quitte à paraitre nostalgique, nous revendiquerions plus que jamais le droit à la reconnaissance du fait psychique, du fait subjectif conçu comme point de résistance à cette culture du désaveu de l’humain. N’y-a-t-il pas une hypocrisie sociale et culturelle dans notre civilisation qui tout en réduisant le corps propre à une machine vouée à la performance fabrique une idéologie morale exigeant un individu sain dans son corps et dans sa tête, libre et autonome, maitre de lui-même, respectueux de l’autre et du vivant ?
Roland Gori
Extrait du livre
“ LA SANTE TOTALITAIRE “
Essai sur la médicalisation de l’existence
de ROLAND GORI * MARIE-JOSEE DEL VOLGO
Champs essais