La servitude à laquelle étaient soumis les esclaves de Rome ne tarda pas à s’étendre aux Romains eux-mêmes. [...] Il n’y avait pas de moyen d’éviter la servitude, et ceux qui étaient appelés citoyens étaient prêts à se mettre à genoux avant d’avoir un patron. [...] Mais à Rome, ce n’était pas l’empereur en tant qu’homme, c’était devant l’Empire devant quoi tout pliait et la force de l’Empire était constituée par le mécanisme d une administration très centralisée, parfaitement bien organisée, par une armée permanente nombreuse et généralement disciplinée, par un système de contrôle qui s’étendait partout. En d’autres termes, l’État était la source du pouvoir, non le souverain. (NDLR État profond ?)
Simone Weil,
Quelques réflexions sur les origines
de l’hitlérisme 1940
Selon l'autodéfinition de l'establishment politique, il ne peut pas y avoir de milieu extrême. Il se définit dans une sorte d'argument circulaire comme le centre et ses positions comme modérées - et vice-versa. Ce qui représente le milieu est simplement sans alternative, modérée, c'est de la politique raisonnable au sens du tout.
Tariq Ali ne participe pas à ce «cadrage politique», comme on l'appelle aujourd'hui. Son livre "The Extreme Center" décrit l'extrémisme du milieu, qu'il faut distinguer de l'usage du terme en sociologie basé sur Seymour Martin Lipset, qui décrit "l'extrémisme du milieu" comme l'ancrage du fascisme dans la classe moyenne. Cet extrême centre a débuté en Grande-Bretagne sous Thatcher au milieu des années 1980 avec son célèbre TINA There Is No Alternative. C’est ce que nous voyons aujourd'hui, le néolibéralisme sans alternative, c'est son fondement.
Dans ce milieu, les différences politiques sont à peine perceptibles. On le voit en France avec Macron fidèle serviteur du « il n’y a pas d’alternative ou sans moi le fascisme. » Un discours qui lui suffira pour être réélu avec une abstention massive. La crise économique de 2008 et surtout les «programmes d'austérité» ont été déterminants pour la poursuite du développement jusqu'à aujourd'hui. Le consensus a été brièvement remis en question, puis Syriza a cédé à la pression de l'UE en Grèce, et Podemos a rejoint un gouvernement du centre extrême en Espagne.
Le centre politique extrême est imbriqué dans une symbiose avec l'ordre économique capitaliste et l'élite. Surtout en période comme celle-ci, de nombreux coûts du désordre capitaliste mondial - pas seulement ceux de l'État-providence - sont répercutés sur les États-nations. Parce que les nombreux risques que comporte la mondialisation déchaînée sont finalement repris par les États. Pensons au «sauvetage des banques» ou à la crise actuelle, dans laquelle d'énormes sommes d'argent sont utilisées pour maintenir le système en panne.
Même la mise à niveau des systèmes de santé nationaux face aux risques de la mondialisation aurait été coûteuse - si coûteuse qu'elle aurait remis en question la rentabilité de la mondialisation. Ils n'ont pas été améliorés. Au contraire.
Entre 2011 et 2018, les États de l'UE ont été invités à dépenser moins pour le système de santé - au détriment de l'équilibre macroéconomique. Les Espagnols et les Italiens, par exemple, n'ont pas eu à ressentir douloureusement pour la première fois cette année ce que signifie un système de santé sous-développé.
Et quand, comme c'est le cas actuellement, un plan conjoint pour sauver l'économie de la crise du COVID est élaboré, alors le public europhile applaudit, car c'est censé être un pas vers "plus d'Europe". En réalité, cette forme de réponse à la crise ne montre que la détermination des blocs au pouvoir à sauver le capitalisme - avec des méthodes totalement non capitalistes. Dans cette société, chaque individu n'a sa place qu'en tant qu'individu atomisé qui tourne autour de lui-même et ne poursuit que ses propres intérêts. L’avenir nous dira si de nouvelles formes de démocraties redonnant au peuple sa souveraineté peuvent émerger. En attendant, Trump le dit haut et fort : le COVID est une bénédiction. Une bénédiction pour sauver un système en perdition grâce à la planche à billet associée à un contrôle plus fort des populations. Un État d’urgence qui durera au moins jusqu’à notre prochaine élection Présidentielle dés fois que dans un réveil citoyen, certains aient l’idée de manifester leur mécontentement.