Tout repose désormais sur la croyance des créanciers dans la capacité des États à rembourser plus tard leurs dettes, en ponctionnant in fine, via la fiscalité, une masse sociale de valeur nouvelle qui sera produite dans le futur. Certes, à la suite des guerres napoléoniennes ou des guerres mondiales du XXe siècle, de nombreux États ont été parfois plus encore endettés qu’aujourd’hui, en dépassant largement les 200% d’endettement par rapport à leur PIB. Mais ces dettes colossales ont été remboursées grâce aux booms économiques qui ont suivi ces guerres, et qui sont généralement liés à une hausse de la compulsion de productivité permise grâce aux première, deuxième et troisième révolutions industrielles, à l’inflation forte du fait d’une pénurie d’offre liée aux capacités de production détruites et aux besoins sans précédents d’une reconstruction de territoires dévastés. La situation aujourd’hui est bien différente. La déflation est partout présente, notamment en Europe et la chute libre du pétrole va pousser encore plus les prix à la baisse, les promesses d’une nouvelle hausse de compulsion de la productivité grâce à l’« industrie 4.0 » ne sont toujours pas au rendez-vous ; aucune capacité de production n’a été détruite et les surcapacités productives sont déjà très conséquentes en Chine comme ailleurs. Le ralentissement économique mondial est déjà bien ancré avant même la crise du coronavirus. Ainsi, dans l’avenir, le risque est plus grand encore de voir l’éclatement des bulles étatiques nourries à grand renfort d’hormones de croissance pendant la crise du coronavirus. On l’a vu en Europe, avec le débat sur les « coronabonds », ou encore l’annulation des intérêts de la dette pour l’Afrique subsaharienne. Les risques sont grands de voir poindre un retour de crises sur les dettes souveraines. Tout l’avenir du château de cartes montant jusqu’au ciel, qui menace toujours plus de nous ensevelir au moindre souffle, ne repose que sur la croyance des créanciers dans les politiques étatiques de relance de la sphère de la valorisation à la sortie du confinement.