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Crise et Mutation - Page 208

  • ROMANZO CRIMINALE / Je suis le libanais NETFLIX

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    Il parait que Carlos Ghosn a vendu son évasion du Japon à Netflix. En tant que scénariste, je viens d'en ajouter une fin, je vous la livre. Attention spoiling.

     

    Il y a 22 groupes de yakuzas officiellement reconnus au Japon. Les trois premiers sont le Sumiyoshi-kai, avec 12 000 membres,  le Inagawa-kai, avec 10 000 membres ; et le Yamaguchi-gumi. Ce dernier groupe compte 40 000 membres, et plus d’une centaine de sous-divisions. Chaque groupe doit reverser une mensualité qui remonte en haut de l’organisation. À vue de nez, on estime que les responsables du Yamaguchi-gumi perçoivent 50 millions de dollars par mois en fonds propres.
    Ils entretiennent des liens historiques profonds, pour ne pas dire obscurs, avec le parti majoritaire, qui dans le cas du Japon est le Parti Démocratique Libéral (PDL). Parti auquel appartient l'actuelle ministre de la justice Masako Mori.
    Robert Whiting, l’auteur de Tokyo Underworld, et d’autres spécialistes montrent que le PDL a été fondé grâce à l’argent des yakuzas. C’est une affaire tellement connue que l’on peut même acheter des BD au 7-Eleven qui racontent comment ça s’est passé. Le grand-père de l'ancien premier ministre Koizumi Junichiro faisait partie des Inagawa-kai et était largement tatoué.
    le Yamaguchi-gumi est la plus grande des trois familles de yakuzas au Japon. C’est aussi la plus violente et la plus dynamique en terme d’intrusion sur les marchés financiers. Une loyauté extrême est requise. Quiconque pris à balancer sur son boss peut se retrouver amputé, ou même se faire exécuter. En termes d’expansion et de méthode, c’est l’hypermarché du crime organisé. Le groupe possède une direction financière et entretient des liens étroits avec des politiciens, y compris plusieurs  ministres. Et parmi les nombreuses ramifications qui font le Yamaguchi-gumi, le Goto-gumi, avec plus de 9 000 membres, est la plus infâme. Ils tailladent la tronche des réalisateurs, balancent les gens des balcons d’hôtels, roulent sur les maisons à coups de bulldozer. Il leur arrive aussi pour de grosses opérations d'intervenir hors du pays. Connaissant un peu le Japon et les liens qui unissent les politiques aux Yakuzas ; je serais Carlos Ghon, je m’inquiéterais un peu. Sa conférence de presse où il disculpera sa femme sera la preuve de sa très grande angoisse. Le Goto-gumi dispose de liens internationaux et serait ravi de rendre service au ministère de la justice japonais qui serait à son tour très reconnaissant.

    Adieu Carlos, tu as le bonjour des 100 000 salariés que tu as licencié !

  • Patriotisme économiqueue et fête du slip

     

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    En lisant ma note du 2 janvier sur le nouveau rôle des consommateurs et la rémunération qui doit en suivre, vous vous êtes peut être dit que j’étais définitivement de venu barge et
    pourtant …
    Prenons l’exemple chinois, qui s’inspire d’ailleurs du modèle japonais de la grande époque.
    En Chine, Ericsson est 20 % plus cher que le local Huawei.
    Comment est-ce possible me direz-vous ?
    La réponse est d’une simplicité biblique : le patriotisme économique fait que les chinois achètent chinois, ce qui permet par ailleurs à Huawei d’être en Europe 20 % moins cher qu’Ericsson.
    Autrement dit, les consommateurs chinois financent les exportations de leur marque.
    C’est un bon calcul, car les téléphones sont faits chez eux et par conséquent cela leur donne du travail.
    Évidemment, nous ne pourrions faire cela, car nos produits sont faits en Chine concernant ceux qui s’exportent et le vrai made in France concerne des produits qui ne s’exportent pas comme le slip français dont certains salariés organisent des soirées grimés en noir et danse sur Saga Africa.
    On mesure (en centimètres) la différence de patriotisme économique. On est mal barré !

    https://actu.orange.fr/france/le-slip-francais-sanctionne-deux-salaries-apres-la-diffusion-d-une-video-blackface-magic-CNT000001mzCH7.html

  • suicide by cops

    On peut certes expliquer le terrorisme contemporain en termes politiques, religieux ou psychiatrique, mais cette grille d'analyse ne suffit pas. Ce phénomène, parmi les plus effrayants de notre époque, doit avant tout être interprété comme la propagation d'une tendance autodestructrice. Bien entendu, le chahîd (le martyr ou le terroriste suicidaire) agit pour des raisons politiques, idéologiques ou religieuses en apparence. Mais sous ce vernis rhétorique, la motivation profonde du suicide fut il le suicide by cops ; le suicide en se faisant descendre par les flics, son déclencheur, est toujours le désespoir, l'humiliation et la misère. Pour celui ou celle qui décide de mettre fin à ses jours, la vie est un fardeau insupportable, la mort la seule issue, et le meurtre l'unique revanche. Comme je l’ai écrit dans Crise et Mutation, la psychiatrisation de la société n’a jamais été aussi grande que dans les périodes que nous vivons. Il ne suffit pas de médicaliser un malaise social (comme on le fait en bourrant nos contemporains d'antidépresseurs, Ritaline (pour les enfants et autres augmentateurs chimiques de performances) la psychiatrie, parent pauvre de la médecine ne peut tout résoudre.
    De toute évidence, l'augmentation du nombre de suicides et, plus spécifiquement, de suicides meurtriers est due au fait que la vie sociale est devenue une usine de malheur. Avec l'impératif catégorique d'être un « gagnant » d'une part, et de l'autre, la conscience qu'un tel objectif est inatteignable, la seule façon de gagner (pour un bref instant) est de détruire la vie des autres avant de porter la main sur soi.
    Qu’y-a-t-il de plus noble de mourir pour une cause lors que l’on a aucun but dans la vie et que le modèle de bonheur proposé est inatteignable ?