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liberalisme - Page 3

  • Le désentrepreneurial

    société de contrôle,société disciplinaire,neoliberalisme,libéralisme,crise covid,coronavirus,stagdéflation,deflation,futurGilles Deleuze résumait ainsi le passage de la gouvernance disciplinaire au néolibéralisme contemporain : « L’homme n’est plus l’homme enfermé de sociétés disciplinaires, mais l’homme endetté de sociétés de contrôle. »

    Les néolibéraux ne concevaient plus l’ homoeconomicus comme le sujet de l’échange et du marché, mais comme un entrepreneur (de soi). Les techniques néolibérales ont été mises en place pour transformer le travailleur en « capital humain » qui doit assurer lui-même la formation, la croissance, l’accumulation, l’amélioration et la valorisation de « soi » en tant que « capital. Certes, le « travailleur  n’est plus considéré uniquement comme un simple facteur de production ; il n’est plus, à proprement parler, une force de travail, mais un capital-compétence, une « machine-compétences », qui va de pair avec un « style de vie, un mode de vie », une posture morale « entrepreneuriale » qui détermine une « forme de rapport de l’individu à lui-même, au temps, à son entourage, à l’avenir, au groupe, à la famille. Ainsi par un mécanisme de fausse valorisation de l’individu que l’on transforme en patron alors qu’il n’est de fait qu’auto-esclave, on optimise la productivité en diminuant les charges patronales, en développant une flexibilité, en éliminant les congés payés, les arrêtes maladie et tout ce qui faisait la sécurité du salariat. Tout ceci glissant vers la phase ultime l’Ubérisation et le paiement à la tâche.

     L’économie organise ainsi une précarisation économique et existentiel et qui est le nom nouveau d’une réalité ancienne : la prolétarisation, notamment des classes moyennes et des travailleurs des nouveaux métiers de ce qu’on appelait autrefois, avant l’explosion de sa bulle, la new economy et que l’on appelle maintenant les autoentrepreneurs ou les Ubérisés et autres employés de plateformes.

    Ce qui s’écroule avec la crise actuelle, c’est le projet politique de transformer tout le monde en « capital humain » et en entrepreneurs de soi. Transformer le travailleur en « capital humain » car ce sont les autoentrepreneurs qui ne sont ni libéraux, ni artisans ou commerçants qui sont en train de dégager massivement et sans que l’on puisse réellement les indemniser pour des pertes de chiffre d’affaire à part d’une somme dérisoire.

    Il faudra donc si l’on veut remplacer cette population et augmenter la productivité, en travaillant plus comme le souhaite le MEDEF, de nouveau recourir à des CDD à faible salaire et faire en sorte qu’avec des taux très faibles, ils puissent bénéficier du crédit.

     "Vous avez un tout petit salaire, ce n’est pas grave ! Endettez-vous pour acheter une maison, sa valeur augmentera et elle deviendra la garantie pour d’autres crédits. »

    Ce modèle, nous le connaissons. C'était celui des subprimes, c'était celui de la France des propriétaires de Sarkozy et je le décrivais longuement dans Crise et Mutation et que l’on peut résumer ainsi :

    « Salut les nouveaux esclaves ! »

  • Tout le monde à poil !!!

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    Dans le cabaret de la mondialisation, l’État se livre à un strip-tease au terme duquel il ne conserve que le minimum indispensable : sa force de répression. Sa base matérielle détruite, sa souveraineté et son indépendance  annulées, sa classe politique effacée, l’État-nation devient un simple appareil de sécurité au service des méga-entreprises...

    Les nouveaux maîtres du monde n’ont pas besoin de gouverner directement. Les gouvernements nationaux se chargent d’administrer les affaires pour leur compte

     

    Il est évident que l’on n’attend plus de l’État, dans sa condition actuelle, qu’il accomplisse la plupart des fonctions qui étaient autrefois considérées comme leur raison d’être. Il y a cependant une fonction qui, plus que toutes les autres, a été visiblement abandonnée par l’État orthodoxe, ou qui lui a été arrachée, celle qui consiste à maintenir l’« équilibre dynamique » que Castoriadis décrit comme « l’égalité approximative des rythmes d’augmentation de la consommation et d’élévation de la productivité » — cette tâche qui a conduit régulièrement les États souverains à interdire certaines importations ou exportations, à imposer des barrières douanières, ou à stimuler la demande intérieure à la manière keynésienne. Dès que l’on évoque désormais une relance par la demande, des économistes se lèvent pour affirmer que les gens achèteront des produits étrangers et pas des produits français et que cela ne profitera pas à notre économie. Comme si nous étions responsables d’avoir abandonné des pans entiers de nos économies. De même lorsqu’on évoque les fameuses relocalisations, on évacue que pour des questions de coûts, ces nouvelles tâches relocalisées puissent être effectuées en toute légalité par des travailleurs détachés. Je précise que je n’ai rien contre les travailleurs détachés dans le 93 où je vis, nous en avons pléthores et ils n’ont pas une vie facile à vivre agglutinés dans des studios, loin de leurs proches. Dans tous les PMU du 93, vous trouverez une roumaine derrière le bar, car à 450 euros le salaire moyen en Roumanie, cela vaut le coup de faire un boulot aussi dur qu’aucune française n’accepterait de faire. Le contrôle d’un tel « équilibre dynamique » échappe aujourd’hui totalement aux moyens et même aux ambitions de l’écrasante majorité des États que l’on peut encore appeler souverains (du strict point de vue du maintien de l’ordre).

    En ce sens, la crise mondiale ne représente rien de nouveau. En même temps, l’intensité de la crise et la profondeur du fossé entre la richesse sociale produite, qui pourrait potentiellement servir à satisfaire l’ensemble des besoins humains, et l’appauvrissement de larges segments de la population marquent la fin de l’ère du libre marché ou du capitalisme libéral. Elles indiquent que  la forme économique présente est incapable d’utiliser, au profit de tous les membres de la société, les forces qu’elle développe. Parce que ce développement n’est pas historiquement contingent mais qu’il résulte de la dynamique même du capitalisme libéral, toute tentative de reconstituer une organisation sociale fondée sur les mécanismes de l’économie libérale se révèle vouée à l’échec. Tout indique qu’il est inutile de chercher à rétablir les conditions techniques, économiques et socio-psychologiques d’une économie de libre marché.

    Bien que le capitalisme libéral ne puisse pas être reconstitué, il a engendré la possibilité d’un nouvel ordre social qui pourrait résoudre les difficultés de l’ancien : la dialectique des forces productives et des rapports de production qui sous-tend le développement du capitalisme de libre marché a rendu possible l’économie planifiée. Cependant – et c’est le tournant décisif –, cette économie n’est pas socialiste. Le laissez-faire et le capitalisme ne sont pas nécessairement identiques et la situation économique peut être stabilisée dans le cadre même du capitalisme par l’intervention massive et permanente de l’État dans l’économie comme c’est aujourd’hui le cas avec le chômage partiel, les prêts garantis par l’État, les dédommagements et toute la farandole des aides pour les entreprises qui sera en finale bien insuffisante et ne servira qu’à gonfler le bilan de nos banques de créances douteuses et comme il sera impossible de les recapitaliser dans les conditions de Marché, il faudra une nouvelle fois comme dab les sauver.

    Nécronomiquement votre

  • Idées zombies

    En lisant le dernier ouvrage de Paul Krugman, je me suis demandé un court instant si il lisait notre blog avec le discours récurrent sur les zombies.

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    Non, il n'en est rien les zombies sont partout et les idées zombies aussi.

    Quelle est la plus persistante de ces idées-zombies ? Croire que taxer les riches est destructeur pour l’économie, et qu’à l’inverse diminuer l’impôt sur les hauts revenus produira une croissance économique miraculeuse. Cette doctrine, que les faits ne cessent de démentir, a paradoxalement encore une emprise. Macron s’en est même fait le porte-parole avec le fameux ruissellement ou les premiers de cordées. Il vient encore en remettre une couche avec son concept de "cordées de la réussite". Il n'en démord pas.

    De même la croyance selon laquelle la France souffrirait d’un grave « déficit de compétences » est une mode : elle fait partie de ce que les Gens Très Sérieux répètent entre eux. C’est un excellent exemple d’idée-zombie – une idée increvable, qui ne cesse de se relever des coups qu’on lui porte. Cette croyance a provoqué beaucoup de dégâts.Prochainement vous n'allez entendre parler que de ça puisqu on va vous mettre sur le dos le chômage et la crise et cela sera de votre fait parce vous n'êtes comme moi qu'une bande d'incompétents fainéants.

    Que se passerait il s’il y avait vraiment une pénurie de compétences ? En toute logique, seuls les travailleurs avec les bonnes compétences devraient s’en sortir. Ce n’est pourtant pas ce qui se passe actuellement.

    Certes, les salariés très diplômés sont plus rarement au chômage que les autres ; mais c’est toujours le cas, peu importe la situation économique. Le point crucial est que le chômage reste beaucoup plus élevé qu’avant la crise financière, quel que soit le niveau d’éducation et quelle que soit la profession : dans toutes les grandes catégories, les travailleurs se portent moins bien qu’en 2007.

    Certains employeurs se plaignent de la difficulté à trouver des travailleurs possédant les compétences dont ils ont besoin. Mais sortez l’argent ! Si les employeurs réclament des qualifications spécifiques, ils doivent être prêts à offrir des salaires plus élevés pour attirer ceux qui les possèdent.

    Pareillement si les employeurs cherchent des commis boucher ou des serveurs "t'as qu'a traverser la rue et tu trouveras du boulot", des professions difficiles, là encore il ne sert à rien de pleurnicher, il faut simplement sortir l’argent !