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NECRONOMIE - Page 161

  • Je suis un déchet et j'aime ça

    La production de « rebut humain », ou plus exactement d’humains mis au rebut « en surnombre » et « redondants », c’est-à-dire la population de ceux qui ne pouvaient pas (ou que l’on ne souhaitait pas reconnaître ou autoriser à) rester est un résultat inévitable de la modernisation. C’est un corollaire incontournable de la construction de l’ordre  (chaque ordre rejette une certaine partie de la population existante comme étant « incapable », « pas à sa place » ou « indésirable ») et du progrès économique qui ne peut procéder sans dégrader et dévaluer les possibilités, autrefois efficaces, de « gagner sa vie » et par conséquent ne peut que priver ceux qui les utilisaient comme moyens de subsistance.

    La nature non régulée, élémentaire et politiquement incontrôlée des processus de globalisation a eu pour résultat la pandémie. Une grande partie de la capacité de pouvoir jadis logée dans les États modernes souverains a été transférée. D’où le sentiment d’alarme à propos de la détérioration de la sécurité, ce qui amplifie les causes déjà abondantes de « peurs sécuritaires » tout en déplaçant simultanément les problèmes publics et les issues à l’anxiété individuelle, vers les racines sociales et économiques de ces difficultés et vers des questions de sécurité sanitaire personnelle. À son tour, le bioplotique se développant devient rapidement l’une des branches principales de la production de rebut et le facteur qui revêt la plus haute importance dans le problème de mise au rebut.

    En cela le coronavirus est l’allié objectif du capital.

  • Bobos déserteurs

    849644764.jpgOn se demande partout ce que signifient les dernières mesures : un confinement sans confinement, un vaccin qui est là sans être là, des lits d’hôpitaux toujours absents avec des patients en nombre croissant, une définition à géométrie variable des commerces essentiels,....

    En fait c'est simple. Les mesures prises ont fait partir de Paris une partie substantielle de la population. Il y aura donc mathématiquement moins de malades puisqu'il y aura moins d’habitants.
    20 % des franciliens sont partis
    Mais rassurez vous dans le ghetto, on est tous là
    Médecine des riches, médecines des pauvres
  • Sous le règne du Biopolitique

    Le dispositif immunitaire — cette exigence d’exemption et de protection —, lié à l’origine au domaine médical et juridique, s’est progressivement étendu à tous les secteurs et à tous les types de discours de notre vie, jusqu’à devenir le point de fixation, réel et symbolique, de l’expérience contemporaine. Toute société a certes exprimé une exigence d'autoprotection, toute collectivité a formulé une question de fond sur la conservation de la vie, mais j’ai l’impression que c’est seulement aujourd’hui, à la fin de l’époque moderne, que cette exigence est devenue le pivot autour duquel se construit soit la pratique effective, soit l’imaginaire, de toute une civilisation. Pour s’en faire une première idée, il suffit d’observer le rôle que l’immunologie — c'est-à-dire la science consacrée à l’étude et au renforcement de systèmes immunitaires — a joué non seulement au niveau médical, mais aussi social, juridique, éthique. Pensons seulement à ce qu’a signifié la découverte du syndrome d'immunodéficience du Sida en termes de normalisation — c’est-à-dire d’assujettissement à des normes précises et pas seulement hygiénico-sanitaires — de l’expérience individuelle et collective, aux barrières, non seulement prophylactiques mais socioculturelles, que le cauchemar de la maladie a élevées dans la sphère de tous les rapports interpersonnels. Passer du domaine des maladies infectieuses au domaine social de l’immigration nous en donne une première confirmation : qu’un flux migratoire en augmentation soit considéré, complètement hors de propos, comme un des dangers majeurs que courent nos sociétés, est une indication, dans ce domaine-là, du rôle central que joue la question immunitaire. De nouvelles barrières, de nouveaux points de blocage, de nouvelles lignes de séparation par rapport à ce qui menace, ou paraît menacer, notre identité biologique, sociale, environnementale, surgissent de partout.

    qu’est-ce qui distingue, après tout la volonté immunologique d’un Marc-Aurèle, quand il désire fortifier son âme au point d’en faire une « forteresse », de celle de l’individu moderne essayant de se constituer, pour reprendre un concept de Peter Sloterdijk, une « bulle » subjective ? Ceci, que le premier ne devra compter que sur lui-même, là où le second est l’effet d’une construction politique. Le stoïcien pariait bien plus sur le cosmos que sur la polis.