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NECRONOMIE

  • Cash cash party

     

    Illustrations de Chris P d'Urbain Autopsy
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    Pendant que Trump stérilise la dette en la vendant au monde entier sous forme de stablecoins à travers son Genius Act, la BCE recommande de conserver une réserve d'espèces chez soi pour faire face aux crises. Une étude montre que malgré le déclin du cash, les Européens se tournent massivement vers les billets en période de stress, comme lors de la pandémie ou de l'invasion de l'Ukraine.

    La BCE nous dit de planquer du cash. Comme si le futur se résumait à une boîte à chaussures remplie de billets froissés qui sentent la sueur, la coke et la peur. Les bureaucrates le savent : quand les écrans s’éteignent, quand le plastique des cartes fond sous la chaleur radioactive du système en panne, il ne reste que le vieux papier imprimé – fétiche dérisoire contre l’effondrement.

    Pendant la pandémie, j’ai vu les gens courir comme des rats vers les distributeurs, les yeux exorbités, prêts à vendre leurs grands-mères pour un billet de 50. En Ukraine, les chars roulaient et les guichets automatiques crachaient des rectangles de survie. Chaque coup de canon résonnait comme le bruit sec d’une machine qui s’arrête net : plus de cash, plus de vie.

    La Grèce fut le laboratoire : 2014-2015, le soleil brûlait Athènes et les banques vomissaient des billets à un rythme insensé. Comme si la ville entière s’était transformée en casino en flammes où les jetons s’évaporaient, remplacés par un frisson paranoïaque. Le billet devenait plus qu’un billet : une arme, un ticket de sortie, une dose de méthadone distribuée par un système en pleine overdose.

    Ils appellent ça une « protection à faible coût ». J’appelle ça un talisman en papier contre l’apocalypse. Un extincteur vide dans un immeuble en feu. Une illusion nécessaire pour que les masses ne se réveillent pas et ne voient pas la vérité : l’économie mondiale est déjà une carcasse calcinée, et nous ne faisons que gratter ses os en espérant trouver un dernier morceau de viande.

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  • En direct de l'ONU

    thumbnail.jpgHall d’exposition ONU, Dubaï ou Genève, peu importe. Nécro-Expo 2026. Les néons bourdonnent, l’air est saturé de café hors de prix et de désinfectant chimique. Les écrans géants balancent des slogans : « Green is Dead — Invest in War », « Security is the New Energy ».

    Trump, VRP numéro un, bedonnant prophète orange, harangue la foule comme un camelot de cirque.
    Il tape sur le pupitre, distribue des bons de réduction pour la faillite écologique.
    « J’ai tué la bulle verte, mec ! Plus de vent, plus de soleil, ça ne rapporte pas. Maintenant : pétrole, armes, dettes, c’est ça l’avenir. »
    La foule d’investisseurs ricane, prend des notes, calcule déjà les marges.

    À côté, stand numéro 23, Zelensky par des nuits sans sommeil, exhibe ses drones sur socle tournant comme des bijoux Cartier. Vidéo promo en boucle : explosions nettes, villages réduits à l’état de statistique, commentaires en anglais corporate.
    « Vous achetez un drone, vous achetez aussi une part d’Histoire. Chaque machine est testée sur le terrain — garantie sang frais. »
    Les délégués de l’ONU hochent la tête, comme hypnotisés. On signe des protocoles à l’encre invisible, deals gravés sur la peau du monde.

    Trump et Zelensky se serrent la main dans une zone VIP.
    Deux VRP du désastre, l’un vend le futur englouti, l’autre vend le présent en miettes.
    À l’arrière, un gamin en t-shirt fluo colle une affiche : « Coming soon: Bulle Kaki ».
    Applaudissements. Rideau.

  • Chronique du ghetto

    Le Bulletin de la Marine vous conseille comment vous comporter en des eaux infestées de requins : « Par-dessus tout, évitez tous les mouvements désordonnés et spasmodiques qu’un requin ne manquera pas d’interpréter comme ceux d’un poisson en difficulté. » Le même conseil peut être appliqué aux clients du PMU TABAC LOTO du ghetto en bas de chez moi, haut lieu de désocialisation  où je suis considéré comme un travailleur délocalisé dans mon propre pays et j’aime ça….Les tapeurs de fric de différentes origines sont infailliblement attirés par les nouveaux venus en milieu étranger dont la fébrilité est apparente.

    En arrivant, je suis tombé sur Fayed le tapeur Kabile. De prime abord, il faisait souvent bonne impression. On le trouvait naïf, amical avec quelque chose de gamin. Puis de façon imperceptible, sa naïveté faisait place à un bavardage mécanique et son comportement gamin à une avidité compulsive et collante. Il se tourne sans arrêt pour guetter les alentours comme s’il attendait quelqu’un de plus important que la personne avec laquelle il était attablé sans consommer. Fayed est ce que j’appelle un néo-gratteur. Il ramasse tous les tickets par terre ou dans les poubelles les vérifient et paye sa coloc comme ça. Autre tapeur, Jimmy le libanais a le don d’apparaître quand on ne désire pas le voir et de dire exactement ce qu’on ne veut pas entendre. Sa technique est de vous forcer à le détester encore plus que son comportement effectif. Du coup cela vous génère une culpabilité et vous vous sentez obligé de lui payer un coup ou de lui filer deux euros pour un pari.

    Le PMU est un petit marché où chacun vend un truc : une montre, un vélo volé, des chaussures, des parfums…un marché où l’on vend de tout mais où font défaut les acheteurs…La crise économique dans sa définition la plus classique.gratteurs.jpg